Jean-Claude Anaf, le lyonnais au marteau d'ivoire

Jean Claude Anaf

Jean-Claude Anaf, son parcours

Jean-Claude Anaf est né le 21 septembre 1947 à Grenoble. Il fréquente régulièrement les salles de vente avec sa mère. Après des études en droit et sciences politiques, il est licencié en droit et réalise un stage de fin d’études chez Pierre Blache, le célèbre commissaire-priseur grenoblois. À l’issue de ces 4 années de stage, il s’associe avec Me Françoise Hermet-Mochon en 1974 à Lyon.

C’est en 1989, après avoir monté sa propre étude, qu’il s’installe dans l’ancienne gare des Brotteaux puis s’associe 5 ans plus tard avec Me Jean Martinon.

La salle de vente exceptionnelle de la gare des Brotteaux

C’est en 1986 que Jean-Claude Anaf fait l’acquisition de l’ancienne gare des Brotteaux, dans le 6ème arrondissement de Lyon. Certains le prennent alors pour un fou en apprenant qu’il souhaite la réhabiliter pour en faire une salle de vente exceptionnelle ; mais en réalité, Jean-Claude Anaf déborde simplement d’ambition et de passion pour son métier.

La presse suit l’évolution du chantier de près, mais aussi son activité ; Jean-Claude Anaf impressionne, questionne, surprend... A la fois riche, célèbre et influent, ce bourreau de travail est devenu une personnalité lyonnaise influente et incontournable !

La stratégie est implacable, l’investissement est colossal, le résultat est incroyable !

L’hôtel des ventes des Brotteaux est inauguré en 1989. Il fait la fierté de Jean-Claude Anaf et des lyonnais. Les ventes prestigieuses s’enchainent et hissent la ville au rang des plus grandes places mondiales du marché de l’art.

Anaf, le roi du marteau

L’homme au nœud papillon fait parler de lui dans sa ville de cœur, Lyon. En effet, ses débuts fulgurants, sa progression sans faille, son succès, sa réussite extraordinaire, en impressionnent plus d’un.

L’as du marteau fera sa renommée en réalisant des ventes aux enchères hors normes : des toiles de Marc Chagall, Jacques Sablet, Degas, Buffet, Carl Frederick Frieseke, des sculptures de César, Rembrandt Bugatti, le vase ovanoïque d’Emile Gallé, des yatchs luxueux…

Jean-Claude Anaf a les pieds sur terre, dur et intransigeant envers lui-même, il sait s’entourer des bonnes personnes pour trouver des vendeurs et des acheteurs, ce lui permet d’exceller dans ses ventes aux enchères.

Jean-Claude Anaf est aussi un homme au grand cœur qui réalise des ventes aux enchères caritatives, notamment pour Les petits frères des pauvres.

Reconnu dans le domaine des ventes aux enchères, d’un point de vue régional et national, ses 40 années de carrière marqueront de nombreuses adjudications de grandes collections dont les catalogues et les résultats font référence.

Archive Presse : L’invité du mois Me ANAF « À L’ÉTUDE »

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En trois ans, il a fait de l’ex-gare des Brotteaux la première salle des ventes de Lyon.

Adjugé ! Le marteau d’ivoire est tombé telle une sentence. Un bruit sec et élégant à l’image de son maître. Jean-Claude Anaf, le regard vif et malicieux, nœud papillon et costume marine vient d’abandonner sa scène préférée.

Le théâtre ? L’ancienne gare des Brotteaux. « Ce marteau m’a été offert par ma grand-mère qui a beaucoup compté dans ma vie. Je ne pourrais vendre avec un autre. » Une superstition émouvante.

Jean-Claude Anaf, quarante-cinq ans, a conservé des airs d’adolescent. Son histoire ? Céder celle des autres au gré des envies, le passé des uns devient alors celui des autres.

Les qualités du maître ? Une bonne dose d’art, un zeste de pouvoir et, 5,5 millions de francs pour un Buffet surtout, l’œil. Ce coup d’œil, qui mène son monde, estime, jauge et communique. « Un bon commissaire-priseur doit rester neutre devant les objets, avoir de l ’intuition. L’œil s’éduque avec le temps. »

Son apprentissage a eu lieu chez Blache à Grenoble, sa ville d’origine. Le jeune stagiaire y apprend le secret des styles, l’alchi­mie et la vie des peintres. En bon élève, Jean-Claude Anaf retourne vite... à son étude. L’épopée débute quai Victor Augagneur à Lyon. Le talent du jeune commis­saire-priseur fait rapidement la différence. Il organise des ventes de prestige au Sofitel, façonne son image grâce à la publicité, ses fameux catalogues. La reconnaissance ne tarde pas à venir.

Si sa devise est classique « l ’effort dans la continuité », elle n’en est pas moins efficace. Son dernier coup… de maître. L’achat en 1989 de la gare des Brotteaux. La consécration. Les Lyonnais si défiants boudent désormais Paris et redécouvrent leur ville. Mieux : les étrangers affluent entre Rhône et Saône. « Lyon est passée en vingt ans de la vingtième place à la deuxième dans ce secteur d ’activité », explique Jean-Claude Anaf. Grâce à son étude... Première de Lyon, elle représente 70 % du chiffre d’affaires de la ville (avec 175 MF). Et compte parmi les cinq premières françaises.

Les souvenirs les plus « chers » de Jean-Claude Anaf ? Le record mondial de peinture moderne avec un Bernard Buffet à 5,5 MF, un pastel de Degas à 3,6 MF, une lampe de Gallé à 650 000 F.

Le timing de notre chef d’entreprise est serré. Travail et encore travail depuis sept heures le matin. Du dimanche... au lundi où il reçoit lui-même ses clients. Le reste du temps, il fait retentir son marteau. Côté jardin ? Jean-Claude Anaf prend une semaine de vacances tous les deux mois et demi.

Pas mondain du tout, il aime jouer les globe-trotters, rejoindre Saint-Tropez avec ses amis. Il est amateur d’art contemporain.

Chez lui, le mobilier de Villemotte côtoie celui de Marco de Gueltz et les tableaux de Chemiakin ou Charchounne. Par opposition à son métier, il aspire au dépouillement. En projet : l’ouverture prochaine d’un Hôtel des ventes judiciaires dans l’esprit des Brot­teaux. Partant du principe « qu’une voiture se travaille comme une commode » ... Une méthode de vente à « l’étude » !

CHRISTINE GOGUET - Le Figaro Rhône-Alpes - 1993